Par Alexandre Benazzouz
La France, l’Allemagne, les Pays-Bas, la Suisse et la Belgique bénéficient de taux négatifs pour de la dette de moins de deux ans. C’est également le cas pour la Finlande et l’Autriche sur le marché secondaire.
Les investisseurs sont prêts à perdre leurs économies pour placer leur argent dans ces pays.
“Quand vous placez vos bijoux dans un coffre-fort, vous êtes prêts à payer pour cela”, résume un haut fonctionnaire européen.
Vous avez dit coffre-fort ?
“Les investisseurs ciblent les pays qui leur inspirent le plus confiance“, explique Frederik Ducrozet, économiste au Crédit Agricole. Ce n’est donc qu’une question de comparaisons avec des pays qui sont dans une situation beaucoup plus grave. Rien ne nous indique que ces pays qui empruntent à court terme à des taux négatifs sont en bonne santé, bien au contraire.
Le système bancaire est dans la tourmente et les pays du Sud inquiètent. Où donc placer tous ces milliards ? Les investisseurs institutionnels optent alors pour un choix par défaut en plaçant leurs liquidités dans ces pays.
Le regard vis-à-vis de ces pays ne s’est pas amélioré, c’est plutôt le regard vers beaucoup d’autres pays qui s’est détérioré.
Les investisseurs acceptent de payer pour “sécuriser” leurs avoirs. “Sécuriser” est tout de même un bien grand mot, ces pays qui empruntent à taux négatifs sont tous sauf “sans risques”.
Prenons l’exemple de l’Allemagne, ce pays aux “finances solides”, politiquement stable, bénéficiant d’un excédent commercial confortable. Et bien lui aussi est rattrapé par la crise. L’activité globale recule en Allemagne, la baisse observée actuellement est la plus forte depuis près de trois ans. Les exportations de la première économie européenne ont reculé, pour la première fois de l’année, en avril, enregistrant une baisse de 1,7%. Et ses importations suivent le même chemin, car elles aussi, diminuent de façon inquiétante : – 4,8% en avril. Mais la principale inquiétude concernant ce pays dont la dette atteint 82% du PIB (tout de même assez élevée pour un coffre-fort) est son taux de natalité, après 2015, sa population commencera à diminuer… un fardeau pour les finances publiques.
Ces taux ne font donc que confirmer l’immense inquiétude qui plane sur la Zone euro et l’économie mondiale, le fantôme de la récession et de la déflation est dans tous les esprits.
Continuons à nous intéresser à des actifs qui ne dépendent pas de la confiance, avec la suite des écrits de Jean-Claude Périvier sur les terres agricoles.
Vous aurez également rendez-vous avec la suite de l’article de Marc Mayor sur l’inflation que beaucoup verront venir lorsqu’il sera trop tard.